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La Fête en Languedoc
Par Daniel Fabre
Parce qu’elle est spectacle en mouvement et constante surprise, la fête invite à l’image ; or, elle est, pourtant, le plus insaisissable des sujets. Nul n’exige autant de maîtrise, de méditation, de retours sur soi pour qu’au bout du compte émerge l’unité inoubliable d’une vision. De toute évidence, les photographies de Charles Camberoque témoignent de cette lente traversée ; prises dans le feu de l’action festive, elles ne laissent rien au hasard, leur ensemble propose un dévoilement de la fête languedocienne, un chemin vers le cœur du carnaval.
D’abord Charles Camberoque rend la fête à ses acteurs. Il saisit sous la fixité du rite la mobilité du personnage en soulignant toujours ce que le masque laisse entrevoir de fureur ou d’absence, de joie illuminante ou de mélancolie.
Faire la fête, c’est aussi bien la contempler. Le feu du carnaval en effet absorbe toujours celui que l’on aurait tort de prendre pour un « simple » spectateur.
Cette relation intime, ce dialogue - prolixe ou muet - Charles Camberoque l’explore : il met en place la multiplicité des plans sur lesquels l’acteur masqué se détache : il révèle le tissu dense des regards échangés, des gestes d’approche et d’offrande…
Enfin ces images donnent à voir, comme nulles autres, le temps de la fête elle-même. Son départ timide et comme forcé la montée de son paroxysme – violence chaotique des Pailhasses, élans aériens des Fécos – jusqu’au moment trouble de la nuit où tout vacille et s’abime dans la musique et le feu.
Les Photographies de Charles Camberoque ont déjà reçu un accueil émerveillé à Toulouse (Galerie du Château d’Eau), Barcelone (Fondation Miro), Paris (Centre Beaubourg)… elles ont plus de trente ans en 2005, mais seront encore cette année le miroir où le Carnaval qui vient se réfléchit et s’exhalte.
Daniel Fabre.
Texte de présentation de l’exposition itinérante
« La Fête en Languedoc » exposée dans plus d’une centaine de villes et villages d’Europe.
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